"Froid printanier
Dans l’eau des rizières dérive
Un nuage sans racine"
Tanaka Hiroaki
N'est-il pas incroyable de penser que, dans toute la masse d'articles magnifiques que nous ont livrés les souris vertes, pas un seul, non, même un seul, ne traite d'un thème qui est pourtant l'alpha et l'omega, le lambda et le zeta et tout le reste de l'alphabet grec de l'informatique d'aujourd'hui ? Est-ce à dire que nos souris vertes, recluses au fond de leur jardin, ont réussi à échapper au raz-de-marée du Cloud A Toutes Les Sauces ? Absolument non, et ce n'est pas qu'elles n'ont rien à dire sur le sujet, mais bien plutôt qu'elles attendaient leur heure pour régler une fois pour toute son compte à ce gros prétentieux.
Il faut dire que, côté promesses à gogo, le petit nuage se pose-là. A en croire certains, il permettrait de protéger le badaud de sa bêtise crasse et de sa gestion anarchique des données, en offrant un horizon parfaitement éthéré de l'octet qui flotte gentiment au-dessus des contingences humaines, en abondance, toujours prêt comme le plus serviable des scouts, et parfaitement inodore et incolore, plus écologique encore que votre voiture à pédale ou votre chemise en vrai chanvre biologique, équitable et cultivé à moins de trente mètres. Comme la fameuse potion du bonimenteur de Lucky Luke, le Cloud est capable de guérir le cancer, de faire reculer la faim dans le monde, d'arrêter les guerres, de construire des écoles pour les petits enfants et de punir les méchants quand ils sont trop méchants.
Bon, il y aurait beaucoup à dire sur le Cloud et son marketing tout-terrain, mais nous allons aujourd'hui nous concentrer sur une question cruciale : est-il, oui ou non, ou les deux, plus écologique d'avoir ses données dans le Cloud ? Certains universitaires bien en vue n'hésitent pas à brandir cet argument à tort et à travers, fort de leur autorité patentée, et on ne discute pas s'il vous plaît. Eh bien aux Souris Vertes, on aime la discussion et, pour gâcher tout de suite le suspense haletant qui commençait à poindre dans cet article, on pense très nettement et très franchement que c'est du pipeau. Pfuit pfuit. Nous allons donc nous efforcer de vous expliquer, avec toute la science du Professeur Souriso et des derniers travaux en date de son équipe de pointe, pourquoi le conte du Gentil Nuage est une vaste fumisterie, et probablement la plus belle machine à polluer produite ces dernières années.
Gentil cirrostratus ou cumulonimbus sauvage ?
Il convient, avant d'aborder le fond du problème, de présenter un peu ce qu'on appelle le Cloud. On remarquera que la plupart des gens qui n'ont que ce mot à la bouche se gardent bien de le définir, les petits malins. Il faut dire que la poésie du vocable s'en trouverait assez rapidement affectée. Qu'est-ce donc qu'on entend pas ce terme ? Des volontaires parmi les souris pour répondre, peut-être ? Ah, une réponse excessivement pertinente à ma droite, on me dit que le Cloud, ça n'existe pas. Pas pour dire que c'est virtuel et donc que ça n'a aucune matérialité, non non, mais pour dire que ce concept est totalement creux.
En effet, me complète la souris, le Cloud, c'est tout simplement stocker des programmes et des données sur des serveurs informatiques. Grand dieu, ça serait une sacré révolution si ça ne faisait pas déjà 40 ans qu'on faisait comme ça. Mais en vérité, s'il faut maintenant mettre un nom guilleret sur cette pratique qui ne nous fera pas tomber de notre chaise, c'est qu'il faut entendre dans cette idée un projet totalitaire assez impressionnant : le Cloud, c'est stocker toutes vos données et tous vos programmes sur NOS serveurs, dans un souci unique et constant de votre bien-être bien entendu.
Concrètement, le Cloud c'est donc un appel massif à se déresponsabiliser totalement de la manière dont sont hébergées nos données ou applications en mettant le tout dans un gros nuage dont on ne cherchera surtout pas à savoir comment il fonctionne. Autant dire qu'on est assez loin de l'éthique des souris vertes en la matière, elles qui militent pour que les gens prennent en main leur consommation numérique et tâchent de la circonscrire à leurs besoins réels. Evidemment, seuls les plus naïfs ou les moins intéressés par les conséquences de leurs actions réussiront à se persuader que cette petite opération est totalement sans impact, car plutôt que dans l'air pur et vivifiant de l'octet virevoltant, c'est bien qu'ils finiront dans des batteries de serveurs énormes alimentés par des centrales au charbon d'une taille conséquente, ou par d'autres sources d'énergie tout aussi réjouissantes, et refroidis par des climatisations à côté desquelles le petit confort thermique sur lequel on s'efforce de rogner dans son salon pour sauvegarder le climat de la planète paraît bien futile.
Sauve qui peut
Ne jetons pas trop vite l'anathème sur notre pimpant phénomène météo-informatique, car il y a des justifications relativement pertinentes au fait de vouloir stocker nos petites affaires dans ce grand placard informe. En effet, les serveurs sont gérés par des professionnels voyez-vous, ce que vous n'êtes certes pas, qui vous garantissent donc que vous ne perdrez jamais le moindre octet, même en cas de guerre thermo-nucléaire. Et, pour couronner le tout, vos données sont disponibles tout le temps et de partout, avec n'importe quel appareil ! Alors, cher Professeur Souriso, on arrête la polémique et on court vite se créer un compte FesseGueule ?
Avant de nous jeter à corps perdu dans le ciel magnifique du petit nuage moutonnant, examinons un peu l'alternative à ces belles propositions. Nous parlerons plutôt, n'est-ce pas, d'y placer nos données personnelles, ce qui concerne tout de même nettement plus de monde que le fait d'héberger des applications ou des sites web. S'il s'agit donc de faire une sauvegarde, c'est vrai que la promesse de ne jamais perdre nos affaires est assez séduisante. En effet, les hébergeurs utilisent en général des techniques de duplication et de distribution des copies qui garantissent qu'aucune panne ou mort subite d'un disque ne saurait nous être fatale.
Donc, si c'est réellement pour n'avoir aucun risque de perdre ses données, aucune raison spéciale de passer par le nuage si ce n'est la paresse de gérer soi-même ses petites sauvegardes. Notons qu'en contrepartie, vos photos, courriers, films de vacances et autres auront le bonheur de ne pas être analysés dans le but de proposer des profils de consommation toujours plus affinés à l'ensemble de l'humanité, même si tout le monde ne semble pas également sensible à ces arguments de privauté de la vie privée.
Pouvoir être partout nulle part
Le deuxième argument choc en faveur du nuage est son accessibilité radicalement totale de partout et par n'importe quel moyen. Hop, toutes mes données sont sur mon compte YouplaBox et je peux y accéder même depuis les toilettes avec le téléphone de ma copine (on ne vous demandera pas ce que vous faites aux toilettes avec le téléphone de votre copine, après tout ça ne regarde que vous). Alors là il faut s'incliner, car notre solution paraît minable à côté, puisqu'on ne va pas transporter son disque dur externe partout avec soi, et en plus ça ne fonctionne qu'avec un ordinateur. Et même s'il existe de nos jours des cartes mémoire minusculissimes ou des clés USB de capacité hippopotamesque, c'est décidément impensable d'en emporter une partout où l'on va, surtout que l'on risquerait bien de finir par abîmer le support et ainsi perdre l'intérêt de notre belle sauvegarde qui doit survivre à tout.
Donc là il nous faut nous incliner, échec et matelas, nous voilà bien marrons devant cet argument imparable de la disponibilité. Vraiment ? Mais si vous êtes convaincu, c'est que vous n'avez pas derrière vous la souris à lunettes qui vous souffle un contre-argument de poids. En effet, l'hypothèse de l'accessibilité permanente à vos données suppose implicitement :
1 - la possession d'un appareil capable de lire lesdites données et simultanément d'aller les chercher sur le réseau,
2 - la présence d'une connexion réseau dans votre environnement immédiat suffisamment sympathique et robuste pour supporter ce petit échange de bons procédés
3 - la présence d'un ou plusieurs serveurs prêts à répondre à vos besoins, malgré des sollicitations concurrentes venant du monde entier
Les partisans du Cloud nous garantissent que le point 3 est toujours satisfait, mais malgré leur bel optimisme les problèmes de réseau à grande échelle et de serveurs indisponibles sont des événements relativement courants. Ainsi, une mauvaise conjoncture mondiale des infrastructures réseau et pif, plus de photos de vacances. Mais c'est surtout sur les points 1 et 2 qu'on ne saurait rien vous promettre, car la pérennité de vos petits appareils électroniques et celle de votre connexion internet locale ne dépend que de votre compétence personnelle et de votre degré de malchance. Bien plus que la mort tragique de votre dernier appareil numérique disponible, c'est bien évidemment l'impossibilité d'accès au réseau qui est le problème le plus fréquent et le plus probable. Evidemment, la prolifération des antennes relais, réseaux OuiFils et autres accès publics vous permettront sans doute de vous en sortir en changeant de décor, mais à condition de s'assoir avec bonheur sur toute notion de sécurité et de confidentialité de vos données personnelles, car dans ces conditons n'importe quelle personne un minimum outillée peut venir écouter tout ce que vous faites. Eh oui, on ne dialogue pas impunément sur des réseaux ouverts à tous en pensant qu'on est seul au monde.
A côté de tout cela, notre petite solution de la donnée portative a le charme d'être accessible sans besoin d'accès au réseau, et toujours dans des conditions contrôlées sur qui peut voir quoi, où, quand, comment et à combien. Et puis, pour terminer sur cette question, qui a vraiment besoin d'avoir sous la main au moindre instant ses petites données numériques ? Franchement, vous regardez vos photos de mariage tous les jours, vous ? Vous pourriez peut-être vous passer quelques jours de ce film de vacances où l'on vous voit vous promener au milieu des souris vertes, ou bien de votre dernier relevé de gaz soigneusement archivé numériquement ? Surtout que, comme nous allons le voir, ce petit confort de la donnée toujours sous le coude n'est pas sans conséquence, ça serait trop beau.
Et ça coûte combien ?
Il faudrait tout de même finir par se poser cette question, car enfin les grosses multinationales mondialisées qui offrent leur service de Cloud ne le font pas par bonté d'âme et pour rendre service à l'humanité. Ni pour vos beaux yeux de souris vertes, même si c'est triste à entendre. D'une manière ou d'une autre, elles doivent donc en tirer un profit, et celui-ci arrive, comme toujours en informatique, sous 3 formes possibles :
- vous payez directement pour ce service magique. Au moins ça a le mérite d'être clair, et suit le principe de "c'est çui qui paie qui paie", autrement dit vous assumez la responsabilité pécuniaire de vos pratiques numériques, même si l'état injecte de son côté quelques deniers dans la maintenance des gros tuyaux de communication, pour le plus grand bonheur des gros consommateurs de nuage en gelée.
- c'est gratuit pour vous, mais grevé de pubs et autres offres commerciales quand vous accédez à vos données. Bon, pourquoi pas, vous payez aussi indirectement le service par ces nuisances publicitaires bien pénibles.
- c'est gratuit et on ne vous demande rien, pas de pub à l'horizon, l'air est pur sous un ciel azuré et serein. En général c'est là que ça sent le roussi : vous pouvez être sûr que vos données sont utilisées à des fins commerciales, et pillées ou revendues sans merci pour rapporter un subside confortable à votre hébergeur si généreux.
Evidemment, ces 3 méthodes ne sont pas incompatibles entre elles, et il n'y a pas de raison pour qu'une entreprise peu scrupuleuse vous fasse payer, mais en profite également pour valoriser vos données dans votre dos, pour le dire bien poliment.
Bon, mais tout ça n'est que le coût plus ou moins direct lié à votre choix d'utiliser le cumulus informaticus, et la souris verte à lunettes tape du pied depuis un moment, car nous avons passé sous silence le vrai coût, celui qui devrait vous faire renoncer immédiatement à ces viles pratiques de la donnée à distance, à savoir bien sûr le coût environnemental associé.
Car, comme toujours lorsque l'on veut faire les choses de la manière la plus générale, la plus simple d'esprit, la moins réfléchie possible, et en se moquant éperdument du contexte, on aboutit à des absurdités écologiques. En effet, rappelez-vous, le Monsieur Cloud doit nous garantir pérennité et disponibilité des données à tout prix. Et est-il capable de savoir si votre fichier est un vieux film inutile que vous ne regarderez plus jamais ou bien LA copie de votre diplôme de fin d'études que vous ne pouvez surtout pas perdre ? Certes non. Du coup, il va appliquer la bonne vieille méthode du Je Mets Le Paquet pour le moindre fichier que vous déposez sur un serveur. Non seulement celui-ci sera recopié sur plein de disques, et plein de serveurs, pour être sûr de ne pas être perdu, mais en plus il sera soigneusement gardé en état d'alerte permanent pour être disponible à la moindre milliseconde. On oublie donc toute forme d'archivage ou de compression intelligente, ou de stockage sur des supports inertes, les gros serveurs de notre hébergeur tournent à plein régime 24h/24 pour pouvoir vous restituer une donnée dont vous avez peut-être vous-même oublié l'intérêt et l'existence.
Remarquons la différence de taille avec le fait d'avoir ses données sur sa propre petite machine : quand votre machine est éteinte et que vous dormez, elles ne génèrent aucune consommation. C'est encore plus vrai pour le disque dur externe, qui ne demande son petit 5V en usb que lorsque vous le branchez, soit juste quand vous avez besoin des données en question. Sans compter que la consommation d'un périphérique USB ou d'un disque dur interne est totalement négligeable devant celle des serveurs monstres des géants du Cloud et de toute l'infrastructure réseau nécessaire à cette Pratique Moderne Incontournable.
Vous l'avez compris, utiliser le Cloud c'est sortir la grosse Bertha pour écraser une mouche, et consommer de l'eléctricité au terawatt de manière totalement superflue, aussi vous entendrez notre circonspection devant les discours qui préconisent que l'univers entier doit s'y précipiter sans attendre.
Loin des yeux, loin du schtroumpf
Il nous faut aborder le sujet de la dernière thèse en date issue des travaux du Professeur Souriso, j'ai nommé "Analyse et conceptualisation de l'Effet Rebond à travers l'exemple du stockage des données personnelles dans le Cloud". Dans un grand élan de générosité, je vous épargne le jargon et les graphiques abscons, notre estimé professeur n'ayant pas toujours la plume sobre et percutante de votre serviteur, pour vous en livrer la substantifique moelle osseuse du squelette dans le placard : le Cloud participe, et pas qu'un peu, à ce que l'on appelle communément l'effet rebond (boum). Mais si si, vous connaissez, nous avons déjà rencontré ce concept à maintes reprises dans nos précédents articles, et sur bien des sujets différents. Il dit tout simplement que pour certains phénomènes, les gains d'efficacité ne viennent pas faire baisser la consommation totale, mais au contraire l'encouragent. Par exemple, le fait de produire des voitures qui consomment moins d'essence ne fait pas baisser la quantité totale d'essence consommée, bien au contraire : les gens en profitent pour rouler davantage.
Avec notre bonne vieille branche de nuage, le principe est le même, du moins c'est ce que nous prétendons aux souris vertes, libre à qui veut de venir nous démontrer que c'est faux. On encourage les gens à mettre leurs données dans le Cloud, sur des espaces dédiés dont la capacité est tout simplement gigantesque. Résultat, vu que c'est facile et gratuit, ou presque, on en profite pour y mettre tout et n'importe quoi sans se poser de question et sans jamais ranger sa chambre. Evidemment, s'il fallait gérer nous-même la sauvegarde de nos montagnes de données, on finirait peut-être par y regarder de plus près car tout cela prend du temps et nécessite du matériel pas forcément bon marché.
Bref, comme le Cloud est cette espèce de corne d'abondance qui n'a jamais de fond, et que nos données ne nous enquiquinent plus pour prendre toute la place disponible sur notre petit stockage local, on en profite pour en stocker des tonnes sans se faire mal au dos. Donc, en encourageant les gens à tout ranger dans le Cloud, on encourage aussi la surconsommation frénétique et sans limite. Et comment les gens pourraient-ils raisonnablement s'en fixer, quand justement l'argument principal en faveur du Cloud est de dire qu'il n'y aucune limite nulle part pour rien de rien ?
Conclusion : que faire du cloud ?
Eh bien voilà pour nous une illustration parfaite de l'utilité du Cloud, car disons-le franchement le comportement précédent était une plaie s'agissant du courrier électronique. Donc, oui, les Souris Vertes plébiscitent l'IMAP et aiment quand la messagerie glisse sur un beau nuage ouaté. En contrepartie, elles inondent régulièrement le public d'articles sur les manières de gérer ses messages électroniques, car tout ceci, on ne le répètera jamais assez, a un coût environnemental non négligeable qu'il s'agit au moins de contrôler un minimum.
"Il y a toujours
Du Soleil
Au-dessus des nuages"
Richard Clayderman (1990)
"Ce chemin
Seule la pénombre d'automne
L'emprunte encore."
Matsuo Bashõ (1644-1695)
On clôt notre grand dossier sur les grandeurs numériques par un sujet brûlant d'actualité. Ils sont partout, ils nous écoutent, nous traversent, nous parlent dans notre sommeil, on ne peut pas leur échapper et David Vincent les a rencontrés, j'ai nommé : les Réseaux (rire sardonique sur fond de musique inquiétante).
On ne fait pas dans la dentelle aujourd'hui, on va inclure généreusement à peu près tous les types de réseaux sans distinction, mis à part peut-être celui des chemins de fer. Ah et les rézosocio aussi, qui de toute manière comme vous le voyez ne s'écrivent pas pareil. Une souris me demande si on parlera des réseaux de neurones ? Du réseau d'égoût ? Du réseau lymphatique ? Arrgh triple damned, je me fais prendre à mes propres mots. Je reprécise mon propos : on parle des réseaux informatiques, aussi bien ceux-là même qui sont dans l'ether épuré du néant du rien (qu'on appellera les réseaux sans fil) que ceux qui courent dans des gros tuyaux bien balèzes (qu'on dénommera les réseaux filaires).
Faisons ensemble ce constat : tout le monde possède un accès internet. Du moins c'est ce que pensent en général les gens qui ont un accès à internet. On peut même décliner cette petite mécanique à l'infini : tous les gens ayant un compte Facebook pensent que le monde entier est sur Facebook, tous les gens qui ont un téléphone portable prennent pour acquis que l'ensemble des terriens en possède un, tous les gens qui sont des souris pensent que tous les humains sont des souris, etc. Bien sûr on peut toujours faire le rabat-joie et rappeler qu'à peine plus de 40% de la planète a un accès internet, ou donner le taux important mais pas total d'équipement des appareils mobiles, mais il faut reconnaître qu'entre internet, les réseaux de téléphones cellulaires, la télévision, la radio, les radars d'autoroute et tout ce que j'oublie, notre sujet du jour touche une écrasante majorité de la population. Un article grand public ! Enfin !
On va tout de suite se lancer sur la mesure qui fait rêver les foules, celle qui fait se rouler dans l'herbe bon nombre de jeunes gens dans les spots publicitaires, à savoir la bande passante. Euh, la quoi ? Ah oui, si vous ne sautez pas encore au plafond d'enthousiasme, c'est peut-être que vous connaissez cet ami cher sous le petit nom dont l'a affublé l'industrie de la publicité : le débit. Comme pour la Haute Définition des écrans dont on a vu qu'elle était une manière chic de désigner la résolution, le Haut Débit (je préfèrerais Gros Débit mais on ne m'écoute pas assez à l'académie française) raconte la même chose que la bande passante mais avec des petits oiseaux et du soleil en plus.
Comment mesure-t-on la bande passante aka débit ? Pour ceux qui auraient oublié de se précipiter pour lire l'article proprement fascinant qui traitait du stockage, il est encore temps d'aller réviser. Pour les autres, vous vous souviendrez j'espère qu'on mesure une quantité d'information donnée en octets. Ici on va simplement mesurer combien d'information on peut s'échanger par seconde, donc ça sera en octets par seconde. Enfin, comme on ne veut pas seulement s'échanger nos initiales, mais plutôt du gros contenu multimédia qui tache, on va parler tout de suite en kilooctets ou en megaoctets par seconde.
Ah ah je vois une souris qui s'apprête à me contredire, alors je prends les devants : mais non pas du tout en fait. Car bien qu'on mesure tout en octet dans la vie numérique, ici on va parler exprès en bits. Pourquoi diantre mais pour quelle raison donc ? C'est tout simplement qu'un octet valant 8 bits, ça fait gonfler les chiffres et tourner les têtes. C'est vrai que dire que vous avez une connexion à 500 ko/s, c'est moyen quand même, alors que plus personne ne parle en kilos à part les magazines minceur à l'approche de l'été. Alors que dire "ma ligne fait du 4megabits" a de quoi épater la galerie et vous remporter un succès assuré en soirée. Sans compter qu'entretenir la confusion permanente entre megabits et megaoctets est le plus sûr moyen de semer la confusion la plus totale, et que finalement chacun s'en tienne à la règle de sagesse universelle quand il s'agit de faire un choix : si ça se compte en beaucoup alors c'est que c'est forcément bien. Pas d'affolement cependant, vous pouvez trouver facilement des convertisseurs en ligne qui vous aideront à jongler entre bits et octets, comme celui-ci par exemple, pour ne plus être à la merci des discours lénifiants des opérateurs réseaux diaboliques. Pour notre part, fidèle à notre logique et sourd aux appels des sirènes qui cherchent à nous enduire d'erreur et de peinture pas verte du tout, on va continuer à tout traduire en octets, et bien fait pour les sirènes non mais.
Maintenant qu'on sait mesurer notre débit, on va pouvoir essayer de répondre à la question qui est sur toutes les lèvres, celle qui fait trembler d'angoisse la presse magazine et les associations de consommateurs, qui enflamme les discussions au troquet du coin et provoque d'innombrables réunions ministérielles : la fibre optique met-elle vraiment la pâtée à l'ADSL ? Une question au moins aussi passionnante que celle de savoir qui est le plus grand du bonsaï géant ou du séquoïa nain. Ou qui est le plus vert entre une souris verte et une feuille d'eucalyptus.
Commençons par rappeler ce qu'est l'ADSL, surtout que c'est une technologie qui a un intérêt écologique évident : elle fonctionne sur les câbles de cuivre qui constituent notre ancien réseau de téléphone du bon vieux temps des PTT. Or qui utilise encore le réseau téléphonique pour téléphoner ? Ca fait pouffer de rire rien que d'y penser. Donc l'ADSL permet de donner une deuxième vie à tous ces câbles qui bordent nos routes et qui, autrement, auraient sombré dans l'oubli après tous les efforts qu'on a faits pour les acheminer aux six coins de l'hexagone (cette petite précision vient de la souris à lunette, quelle fayotte celle-là) et y raccorder votre chalet de ski ou votre maison perdue au fond des bois.
Côté débit, il y a plusieurs technologies qui se sont succédées et se sont progressivement améliorées. La plus répandue aujourd'hui est l'ADSL2+, dont le débit théorique maximal est de 24Mb/s. Hop une petite conversion, on divise par 8 rapido et on obtient du 3Mo/s.
Pas mal tout de même, si vous vous souvenez de nos articles précédents on voit que ça nous fait un peu plus d'une seconde pour se récupérer les Misérables. Mais vous avez dû constater si vous faites l'expérience chez vous que vous êtes loin de ce débit en pratique. Eh oui, c'est tout l'intérêt de la théorie, elle n'a pas de compte à rendre à la réalité. Et en l'occurrence, votre fournisseur d'accès n'a pas à vous en rendre non plus, il n'a pas d'obligation de débit minimal. En dessous de 2Mb/s (soit 250ko/s), il ne pourra cependant plus parler de Haut Débit (je ne sais pas ce qu'il dit dans ce cas là, Moyen Débit ? Débit Elevé mais pas Haut ? Débit Raisonnable Sans Plus ?).
C'est toute la magie des chiffres qui ne veulent rien dire, un peu comme si on vous vendait des bouquets avec une étiquette qui précise qu'ils contiennent 20 fleurs, et que chaque bouquet en comporte entre zéro et trois ; voilà un chouette cadeau à offrir aux amis qui vous accueillent. Avant que vous ne vous précipitiez écumant de rage pour changer de fournisseur d'accès et avoir un meilleur débit, sachez que, miracle de la concurrence, vous aurez la même chose avec tous les opérateurs, puisque vous empruntez le même chemin : votre ligne téléphonique. Donc à moins d'envisager de modifier vous même le câblage qui vous relie au Central vous l'avez dans le baba si vous trouvez que votre connexion évoque la tortue asthmatique évoluant dans des sables mouvants après une mauvaise nuit.
Pour vous consoler, et faire vibrer de nostalgie ceux qui ont grandi au milieu des mammouths durant l'ère glaciaire et se souviennent du tut tut tut tut (TM), le petit appareil qui se branchait sur votre ligne téléphonique et qu'on appelait un modem, sachez que la rolls-royce en la matière atteignait péniblement les 56kb/s (débit théorique là encore), soit 7ko/s. Autant dire qu'avec ça vous n'étiez pas près de voir votre film en Super HD.
Précisons une chose tout de même : toutes ces technologies de réseaux que nous évoquons ne concernent que la portion finale du trajet des communications, n'allez pas imaginer que vos mails se baladent le long des lignes téléphoniques françaises puis américaines ou chinoises. Dans tous les cas, 99% du trajet se fait sur de la fibre optique, avec des câbles maousse costauds, y compris les trajets transatlantiques qui empruntent des câbles placés au fond des océans. Toutes ces questions cruciales et choix cornéliens ne concernent donc que la partie qui relie le noeud du réseau le plus proche à votre palier.
Et la fibre optique justement ? Ne serait-ce pas une bonne idée de l'avoir chez nous puisque c'est justement ça qu'utilisent les professionnels pour leurs gros besoins ? N'est-ce pas la douce voix du futur, la promesse même d'un lendemain meilleur où le monde serait enfin débarrassé de la guerre et de la famine ? Depuis le temps déjà qu'on nous annonce Sa Venue en majesté à grand renfort de plans de communications, c'est un avenir qui appartient déjà un peu au passé sans doute, puisqu'il y a plus de 10 ans qu'on attend le fameux câblage de la France entière jusque dans les toilettes du train. Et ne rêvons pas trop, on ne va pas vous installer juste sous votre télé une fibre de qualité comparable à celle qui équipe les serveurs de la NASA. Il y a fibre et fibre, si vous voyez ce que je veux dire. Mais bon la question vaut d'être posée. Et le débit alors ? On nous promet du TrEs HaUT DéBiT à 100, voire pour les plus aventureux 200 Mb/s, soit entre 12,5Mo/s et 25Mo/s. Dans les comparatifs des Souris Vertes, ça se classerait donc avec la note Franchement Pas Mal : non seulement on peut s'envoyer l'intégrale de la pléïade en quelques minutes à l'aise, mais c'est aussi le débit qu'on obtient entre deux machines situées à 1m l'une de l'autre et connectées avec un câble ethernet standard.
Mais là encore il s'agit du débit théorique. Difficile de connaître le débit pratique, vu que les opérateurs ne passent pas leur temps à communiquer dessus pour des raisons évidentes, en conséquence on lit un peu tout et n'importe quoi sur le sujet, mais apparemment le débit moyen se situerait quelque part entre 20 et 50Mb/s (allez encore une conversion, même si vous devez avoir compris la division par 8 maintenant : 2,5Mo/s à 6,25Mo/s). Bon c'est bien quand même hein, mais en même temps si vous aviez déjà une ligne ADSL de bonne qualité vous allez rester dans les mêmes ordres de grandeur. Valait-il donc la peine de faire des tranchées dans les rues, de suspendre de nouveaux câbles et de vous faire payer l'abonnement une fois et demi plus cher pour ce résultat à l'arrivée ? Hum hum. Je ne voudrais pas risquer de briser le rêve de nos chers élus régionaux qui subventionnent à coups de millions des projets de déploiement de la fibre optique pour apporter le Savoir et la Technologie à la porte des pauvres citoyens victimes de l'insupportable fracture numérique, mais on est en droit d'émettre de sérieux doutes. Heureusement que personne ne demande l'avis des citoyens en la matière. C'est qu'il faut bien mener jusqu'au bout ses politiques ambitieuses : le 20ème siècle a eu les programmes d'instruction publique, le notre aura les tablettes dans les écoles primaires et la fibre optique dans les foyers.
Ne brossons tout de même pas un tableau trop négatif. Il y a bien un point sur lequel la fibre optique met une râclée conséquente à l'ADSL : le débit montant. Jusqu'à présent, et après avoir préalablement baillonné la souris à lunette qui fulminait devant un tel manque de rigueur, j'ai allègrement parlé de débit sans préciser ce fait essentiel et bouleversant que les communications se font généralement dans les deux sens. Autrement dit, non content de recevoir des informations, vous en envoyez vous aussi. Si si. C'est même vous qui avez l'initiative de toutes les communications, votre site favori ne passant pas son temps à vous relancer pour savoir si vous voulez sa page d'accueil. Donc quand vous surfez ailleurs qu'au mileu des requins hawaïens, vous passez votre temps à envoyer des messages à des serveurs distants pour leur demander s'il vous plaît les contenus merveilleux qu'ils ont à disposition. Et il se trouve que l'ADSL a cette petite particularité que ses débits ne sont pas symétriques. Le débit montant est limité à 1Mb/s (soit ? Bravo ! 125ko/s), autant dire que c'est tout pourri. Alors que la fibre optique permet des débits symétriques, miracle et ravissement, autrement dit on pourrait atteindre 100 ou même 200Mb/s ! 100 fois plus, ça c'est de la rouste.
Evidemment il faudra encore nuancer ces observations, étonnament et pour des raisons qui m'échappent, le débit montant constaté est toujours nettement inférieur au débit descendant même pour la fibre optique, mais effectivement bien supérieur à celui de l'ADSL. Je ne me risquerais toutefois pas à avancer de chiffres définitifs, mes recherches très poussées sur un corpus universitaire énorme m'ayant conduit à penser qu'On Ne Peut Rien Dire, vu qu'on peut trouver aussi bien des moyennes de 5Mb/s que de 50Mb/s. J'imagine que ça dépend un peu des clients qu'on considère dans ces études, sachant qu'il est probable que les labos du CEA aient un meilleur débit sur leur fibre que le boulanger du coin de la rue. Mais ne boudons pas notre plaisir, la conclusion est sans appel, formidable donc, voilà une raison claire pour changer notre vieille SourisBox ! Euh oui sans doute, mais remarquez tout de même que votre usage du réseau n'est pas exactement symétrique lui non plus ; à moins que vous ne passiez votre temps à uploader des gigas de données sur des serveurs distants, vous aurez du mal à vous sentir à l'étroit avec votre débit montant minuscule. Il faut dire qu'envoyer "balance moi tes pages" à un site web, même avec toutes les formes de politesse qui sont de mises entre serveurs de bonne éducation, ne requiert pas beaucoup de bande passante en soi. Donc si vous avez besoin d'un gros débit montant, c'est que vous êtes déjà un bon client de la surconsommation numérique et qu'il va falloir vous prescrire des séances quotidiennes de course dans les prés au milieu des souris vertes.
"Feuille de chêne
Feuille de marronnier
Qui tombera la première ?"
Midoriro no Mausu (la Souris Verte)
On pourrait s'en tenir là pour nos grandeurs réseautales (ou réseautiques ?), on en a déjà deux, dont une qui ne sert à rien, c'est bien plus qu'il n'en faudrait pour animer une série de conférences high-tech d'un air docte et posé. Mais on pourrait difficilement parler de réseaux sans aborder la notion de portée. Je vous vois venir, vous savez qu'il s'agit de la distance à laquelle vous captez le Oui-Fils avec plein de barres de signal, mais vous allez me dire que ça ne concerne que les réseaux sans fil. Eh bien pas du tout, même s'il est vrai que les effets d'atténuation de signaux sont nettement plus prononcés dans le cas des réseaux sans fil, les réseaux filaires ont également une notion de portée pas du tout négligeable. Si vous ne me croyez pas, je vous invite à dérouler un câble ethernet d'un kilomètre de long, que vous vous serez préalablement fabriqué vous-même vu que personne n'aurait l'idée de vous vendre ça, et de regarder ce que vous avez en sortie de signal, je vous garantis que vous aller pleurer à chaudes larmes.
C'est donc une vérité universelle des réseaux que l'on peut énoncer sans trop de risque de la voir contredite par une Super Nouvelle Technologie : plus je m'éloigne, moins mon signal est bon. Dans ce domaine, on ne peut pas dire, la fibre optique a un avantage certain par rapport aux autres technologies, car les pertes y sont très faibles. Le fil de cuivre (ADSL, ethernet) est lui sujet à plein d'interférences électromagnétiques et autres joyeusetés. On parle d'atténuation du signal dans ce cas. On peut la mesurer en décibels, comme pour l'intensité des sons, mais très honnêtement ça ne nous servira pas à grand chose à part à constater notre manque de bol. On se rappellera simplement que la fibre optique peut se porter sur plusieurs kilomètres, voire dizaine de kilomètres en fonction de sa qualité, sans perte notable, alors que pour le fil de cuivre on serait plutôt de l'ordre de la centaine de mètres au mieux. Mais vous allez me dire que vous êtes généralement à plus d'un kilomètre de votre répartiteur réseau de quartier. Eh bien oui, mais c'est bien pour ça que vous êtes très loin du débit théorique que l'on vous fait miroiter, vous avez tranquillement perdu 20, 30 voire jusqu'à 90% de votre bande passante sur cette petite distance. Et croyez-moi, passé 1km chaque mètre supplémentaire fait bien mal au débit.
Les réseaux sans fils ne sont pas exempts de perturbations en tous genres, Ondes Maléfiques oblige, mais c'est surtout la physique élémentaire qui fait que leur portée est très vite limitée : à cause du fait qu'elle rayonne dans toutes les directions, la puissance du signal émis par une antenne est inversement proportionnelle au cube de la distance qui vous sépare d'elle, si vous me suivez. Autrement dit, chaque fois que vous reculez de 10 mm/cm/m/km par rapport à votre antenne, vous perdez 1000 sur la puissance du signal. Ouille ouille ouille, ça descend vite. Heureusement pour ce qui est de la téléphonie mobile, de la 3G, ou du wifi dans les gares qui sont totalement indispensables à la vie sur terre, on a bien vite trouvé la parade : inonder l'espace public d'antennes. Antennes sur les toits, antennes au sommet des montagnes, antennes au milieu des forêts, antennes dressées dans les champs de tournesol, antennes dans l'espace, antennes sous les mers, antennes dans votre slip comme les cactus de Jacques Dutronc. Un petit site nous dévoile l'état des antennes relais en France ; ne tremblez pas, mais on arrive tout de même à la bagatelle de quelques 50 000 antennes qui embellissent les paysages de notre belle France. Je serais vous, j'irais voir si un opérateur voyou n'a pas mis une antenne dans votre cave pendant que vous lisez cet article.
Quelques chiffres concernant la portée pour les réseaux les plus courants :
La puissance et la portée des différents réseaux sans fils est liée également à la plage de fréquence sur laquelle elles émettent, notamment à cause des interférences que l'on peut rencontrer dans certaines gammes de fréquence. Par interférence, il faut comprendre les objets qui font obstacle au signal et vont en absorber ou réfléchir une partie, pour leur plus grand bien on s'en doute. La fréquence (en Hz, comme pour le processeur, rappelez-vous) est directement corrélée à la longueur d'onde, qui en retour vous donne la taille moyenne d'un objet qui va interférer avec l'onde. Vous trouverez ici un petit schéma explicatif qui vous donne la taille moyenne de l'onde en fonction de la gamme de fréquence. Si on n'est jamais très réjouis de voir que les fréquences de l'ordre du Ghz, les plus courantes pour les réseaux sans fils (2,4Ghz par exemple pour le wifi), sont de l'ordre de la dizaine de centimètres, soit parfaitement adaptée à l'échelle du corps humain ou d'une souris verte un peu bedonnante, les ondes de très hautes fréquences font carrément flipper car elles peuvent affecter des micro-organismes voire des éléments de la taille d'une cellule. Mais en l'absence de preuve scientifique irréfutable on s'abstiendra de penser que toutes ces ondes émises ont une incidence quelconque sur autre chose que nos petits appareils mobiles qui se délectent des octets qu'ils captent, miam miam.
Pour finir, les Souris Vertes vous offrent un guide pratique encore plus fort que SuperNumérique.com ou que Ma Connexion Pour les Nuls : un petit état des lieux rapide des problèmes de connexion sur les réseaux.
Alors, ma connexion est lente, mon débit est pourri, d'où cela vient-til-til ? De manière générale, si vous le pouvez, tirez un câble et oubliez les octets semés dans le vent : vous aurez toujours une connexion plus stable, plus rapide et moins énergivore en filaire.
Autrement, comme nous l'avons vu, la première chose à mesurer est la latence sur votre connexion. Celle-ci dépend directement de la distance à parcourir et de la qualité du lien qui vous relie (oubliez le fil de laine même si c'est moins cher et plus esthétique). Si votre latence est mauvaise vis-à-vis de plusieurs sites différents (rappelez vous qu'un serveur peut lui aussi être en train de pédaler dans la choucroute), pas besoin d'aller plus loin, vous êtes arrivés.
Autrement, si la latence est correcte mais que ça bagote tout de même, vous pouvez vérifier votre débit malgré tout le mal qu'on en a dit. Pour cela, vous pouvez tout simplement choisir de télécharger un fichier bien volumineux, comme l'intégrale de Proust ou une application comme libreoffice, et regarder votre vitesse moyenne de téléchargement. Mais comme on l'a bien précisé, il faut commencer à raser la moquette pour que ça devienne vraiment gênant pour une navigation basique. En revanche, si ça n'est toujours pas ça qui semble poser problème, il faudra tester votre débit montant, qui est souvent un grand oublié des suspects potentiels mais qui peut sérieusement vous faire passer en mode coma profond. Pour cela, malheureusement, il n'est pas évident de faire des tests par vous-même, soit vous disposez d'un endroit où vous pouvez envoyer du contenu, comme un partage de documents, et là vous regardez ce que ça donne d'y mettre un bon gros fichier, soit vous vous résignez à aller sur un site de test de débit en slalomant habilement entre les milliers de pubs.
Dans tous les cas, il faudra faire des tests à plusieurs reprises et à différentes heures de la journée pour savoir si vous êtes victime d'un Coup de Pas de Bol Passager ou de la Grosse Scoumoune. Et malheureusement, dans le deuxième cas vous n'aurez pas d'autre solution que de vous résigner à reprendre vos activités extra-réseaufiles (encore un synonyme !) ou bien à chercher à changer de crèmerie, en l'occurrence soit de lieu soit de type de connexion (l'équivalent en version réseau de monter un téléscope de 4m sur votre toit parce que votre antenne télé capte mal). En tout les cas, aucun problème pour suivre les souris vertes, vu la taille des articles il suffit de les ouvrir dans des onglets différents, et le temps que vous ayez fini de le lire croyez-moi le suivant sera déjà là !
"Silence nocturne
Gouttes de pluie sur le toit
Coupé du monde"
Midoriro no Mausu (la Souris Verte)
Vous ignoriez peut-être de le savoir, mais la petite boîtboîte qui trône dans votre intérieur, la "box" comme on dit dans les salons numériques branchés, et vous dispense un accès magique sur le Monde Internet est un appareil électrique. Si si ! C'est même un petit ordinateur miniature qui embarque processeur, mémoire, disque dur, composants réseaux, etc. Et qui fonctionne en permanence à plein régime, pas de notion de veille sur ces petits appareils qui passent leur temps à appeler le central pour lui demander le temps qu'il fait, si ça va la vie, et la famille aussi ? En même temps il est bien connu qu'ils ne consomment rien, puisqu'ils ne font qu'afficher l'heure.
Eh bien il faut savoir que cette consommation est loin d'être négligeable : on évalue à 5TW/h (et paf le Gros Chiffre) la consommation annuelle de ces millions de boîtes à souris disséminées en France, ce qui représente légèrement plus de 1% de la consommation énergétique globale française. Sachant qu'on n'utilise généralement internet que maximum 3 à 4 heures par jour, on comprend qu'on pourrait réduire sans effort cette petite addition de 75% au moins.
Donc qu'est-ce qu'on fait quand on peut avec un seul doigt éviter un gaspillage abominable et inutile ? Eh bien oui, un petit geste. En l'occurrence ça sera exceptionnellement un Petit Geste de la Nuit, on débranche la sourisbox la nuit et on la rallume le matin. Plus pratique et encore plus radical, moi j'ai carrément une multiprise sur laquelle sont branchés tous mes appareils, et couic, j'éteins tout quand je sais que je ne m'en servirai pas, comme ça aucun appareil soit-disant en veille ne viendra pomper de l'énergie à mon insu. En plus ça me débarrasse des Ondes Maléfiques par la même occasion ; et pour ceux qui ont un adolescent à la maison, plus besoin de surveiller qu'il n'est pas en train de chatter gaiement sur Facebook à 3h du matin, après 22h la seule manière qu'il a de s'occuper c'est de prendre un bouquin.
Alors les souris s'écrient hourra à un petit geste qui sauve à la fois les dauphins et les parents !